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Né à Bordeaux en 1952. Adopté depuis de nombreuses années par le public et les musiciens genevois et suisses, il fait partie de nombreuses formations de jazz contemporain et joua entre autres avec Charlie Rouse, Paolo Bellinati, Glenn Ferris, Carlos Ward, Matthieu Michel, la Compagnie d'Eustache de Jean-François Bovard, Robin Eubanks, le Quintette Popolien.
Il joue en duo avec François Chevrolet (saxophones) ou John Aram (trombone) en trio avec Olivier Rogg et Moncef Genoud (pianos) en quartet avec Kéa ( Chloé Lévy v, Alexandre Allflat b, Cyril Regamey dr.) en sextett avec Martin Dahanukar Sextet (M. Danukar, compos. et trompette, M. Bastet piano, John Wahrol sax tenor, Donat Fiesch sax alto, Jurgos Antoniu basse, Peter Horisberger drums) et avec Piano Seven.
Il a participé à de nombreuses tournées en Europe, aux Etats-Unis, au Moyen-Orient et en Asie.
Il enseigne le piano jazz en privé ainsi qu'en classe professionnelle pour l'Ecole Conservatoire Populaire-AMR. Il anime à l'AMR, des ateliers de travail d'improvisation et particulièrement un workshop pour pianistes et un atelier de salsa (latin jazz)
Il a développé un jeu bop reconnaissable entre mille, navigue entre fragilité et vélocité sans jamais oublier de raconter une histoire, son histoire, différente à chaque fois.
Au service de la musique, lorsqu’il accompagne, il cherche encore et encore pour trouver La couleur, La phrase, L’intervention et propose ainsi tout un univers au soliste.
C’est un musicien en constante évolution, qui écoute, creuse, repique, cherche, ingurgite et transforme sans cesse la matière nouvelle qu’il découvre et fait découvrir.
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LE COURRIER
14 Avril 2007
JAZZ Discret mais incontournable, le pianiste d'origine bordelaise a formé quantité de jeunes qui montent. Juste retour des choses, l'AMR lui confie jeudi le solo d'ouverture de son prochain festival.
Michel Bastet est de ceux qui fuient les honneurs et qui, sous les projecteurs, s'exécutent sans artifices, au service de leur art. Talentueux – génial même, soufflent certains –, mais effacé. Tellement effacé que c'en est désarmant. Jeudi, Michel Bastet ouvrira en solo le 26e AMR Jazz Festival, au Sud des Alpes. Là-bas, on dit volontiers qu'il «fait partie des meubles», au sens respectueux du terme. En clair, il est indispensable, même s'il rechignerait à l'admettre.
Pourtant, le Bordelais établi à Genève depuis plus de trente ans a tourné dans le monde entier. Piano Seven, pour n'en citer qu'un, n'est pas le moindre de ses projets: fondé il y a 20 ans par François Lindemann, cet ensemble de sept claviers cumule les salles combles (du Cirque d'Hiver de Paris à la cour de Thaïlande), les louanges de la presse, et les albums en collaborations avec le chanteur Pascal Auberson, la pianiste classique Brigitte Meyer ou le percussionniste Trilok Gurtu.
En baba-cool
On le rencontre sur la terrasse d'un bistrot, tout près de la rue des Bains où il vit et travaille son piano, quotidiennement, avec acharnement. Allure sauvage, vêtements sombres, cheveux hirsutes. Le pianiste de jazz dans toute sa splendeur. Timide, l'homme est chaleureux et daigne parler de lui. «Mon parcours? Je viens de Bordeaux, je n'ai fait que des études avortées: le secondaire, les Beaux-Arts en architecture, rien de brillant. Je n'ai aucun diplôme...» Voilà tout Michel Bastet: ellipse et modestie poussée à l'extrême. Son milieu? «Prolo», lâche le musicien. Une mère infirmière, et un père dont on sent qu'il a eu une influence considérable sur le fiston. Ouvrier dans une verrerie jusqu'à la délocalisation de l'entreprise, réparateur de caravelles à Sud Aviation, c'était surtout un passionné de musique classique, pianiste autodidacte... C'était, car «tout le monde est mort», confie Michel Bastet sans détour.
A 20 ans, le pianiste en herbe quitte le giron familial pour venir passer des vacances à Genève. «En baba-cool, avec trois sous en poche. Mais ceux que je rejoignais étaient partis. Un café du Bourg-de-Four m'a confié le piano de son arrière-salle. Je jouais très mal, mais ils m'ont gardé. J'ai commencé à gagner ma vie avec de vieux ragtime pourris.» Une vie de bohème, musicien dans les rue de Carouge l'après-midi puis dans divers lieux nocturnes, typiques de l'effervescence libertaire de l'époque. Ce qui ne l'empêche pas d'entrer au Conservatoire, où il suit les cours de quelques «grands profs», François Creux, Sébastien Risler et feu Henri Chaix. Il se marie, fonde une famille et se stabilise un peu.
des pages de keith jarrett
Quand Michel Bastet entre à l'AMR, à la fin des années septante, c'est pour ne plus en sortir. Là, en atelier, et au Conservatoire populaire, il devient à son tour un enseignant respecté. De nombreux jeunes talents sont passés par ses cours: Leo Tardin (parti briller à New York), Sébastien Ammann, Daniela Abrar, Mathieu Rossignelly (qu'on retrouvera au Festival de l'AMR) ou encore Gabriel Zufferey, jeune prodige multi-primé, adopté entre autres par Daniel Humair et l'ensemble italo-suisse Maf-Yo. Consulté, ce dernier pèse ses mots pour bien exprimer son admiration: «Avec sa passion, Michel a donné envie à beaucoup de musiciens. C'est un sage, qui écoute, encourage, tire le meilleur de chacun et de chaque situation.» Mais se consacrer ainsi aux autres, plutôt qu'à sa propre carrière, n'est-ce pas se sous-estimer? «Je ne sais pas, répond Gabriel Zufferey. Il est humble, c'est aussi un bon vivant. Il bosse dans l'ombre, c'est vrai. J'aimerais le voir jouer un jour avec une belle section rythmique, qu'il y travaille et que cela devienne professionnel.»
«Entier», «profond», «hors de l'ordinaire»: Sébastien Ammann, 25 ans, partage le même sentiment pour celui qui lui a «tout appris». L'ancien élève se souvient de s'être entendu demander: «Qu'est-ce que tu veux apprendre?» «Je m'en souviendrai toute ma vie. Après, j'avais toujours préparé quelque chose. Il m'a beaucoup encouragé. Plus tard il m'a appelé pour que je le remplace dans des soirées privées. Il connaît tout: du vieux jazz au contemporain, en passant par le classique, la salsa. Chez lui, il repique tout sur cassette; il a reproduit des pages et des pages de Keith Jarrett, il s'est pris la tête sur des phrasés d'Art Tatum (grand improvisateur des années 30-40, ndlr). C'est un passionné qui ne cherche pas à épater la galerie.»
exercice de sincérité
Retour sur notre terrasse de bistrot. Et confirmation que notre homme est une encyclopédie vivante, mais secrète. Ce secret, c'est peut-être la fragilité. L'inquiétude, l'obsession de bien faire chez un monstre aux doigts d'argile. «Je n'ai aucun génie, ça m'oblige à travailler plus. Il y a des jours avec et des jours sans...» Il reconnaît qu'il se vend mal: «Je ne suis pas frustré; les feux de la rampe, l'exposition médiatique, ce n'est pas mon truc. Je manque d'assurance. La vie est courte, mais la mienne me plaît. J'aime les gens et si je peux aider, tant mieux.»
Michel Bastet parle de ses grands complices – les Vaudois de la bande à Popol Lavanchy, ses camarades de Piano Seven –, il cite la relève, par exemple Yannick Delez (aussi à l'affiche du Jazz Festival de l'AMR) et dit l'honneur que ce sera d'ouvrir la manifestation en compagnie de la star Malcolm Braff. «Il est génial, très puissant. C'est l'un des grands de ce pays et un mec bien, que je connais un peu. Il va falloir que je sois à la hauteur.» Il y travaille, évidemment. Il promet un solo «méditatif, coloré, un mélange de standards, de compositions personnelles et d'improvisation. C'est un challenge, un exercice de sincérité. L'improvisation aide à se voir comme on est. Quand on manque d'inspiration, c'est toujours notre faute. Mais le public est très important.» Rendez-vous jeudi.
Note : Michel Bastet solo et Malcolm Braff Trio «Yele» à l’AMR Jazz Festival. je 19 avril dès 20h30, Sud des Alpes, Genève. www.amr-geneve.ch
RODERIC MOUNIR
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